Entretiens avec des membres de l’ACE : résumés de nos panélistes au Symposium virtuel 2022

Lors du Symposium virtuel 2022 de l’ACE, le comité national des étudiants avait organisé une table ronde intitulée « Travailler comme ergonome au Canada : des témoignages et des conseils d’un océan à l’autre ». Au cours de cette séance, cinq remarquables panélistes d’un bout à l’autre du pays ont partagé leurs points de vue et donné des conseils aux étudiants et ergonomes en début de carrière. Voici un résumé des principaux points à retenir de chacune des expertes.

Emma Christensen

Il est important de savoir ce qui vous motive et de faire confiance à votre intuition. Cela pourrait vous guider sur un chemin que vous n’aviez peut-être pas envisagé, mais que vous trouverez enrichissant si vous restez fidèle à vos valeurs. J’adore travailler avec les gens et je suis reconnaissante de pouvoir constater directement comment je peux faire une différence avec les clients et les organisations que j’aide. J’aime aussi rencontrer des gens qui ont différentes formations scolaires, ce qui est une caractéristique unique dans le domaine de l’ergonomie. Peu importe l’expérience que vous avez, faites preuve de curiosité par rapport à ce que les gens ont à partager et ne cessez jamais d’ouvrir votre esprit à ce qu’ils peuvent vous apprendre. Et cela comprend les clients que vous aidez. Nous avons tendance à oublier cela, car nous sommes considérés comme les experts. Vous ne savez jamais quelle infime information pourrait s’avérer utile dans votre boîte à outils. Peu importe le stade où vous vous trouvez dans votre carrière, vous avez un savoir-faire et des expériences de vie uniques que d’autres n’ont sans doute pas, alors, ayez confiance en vos connaissances et soyez réellement curieux d’apprendre. La technologie modifie très rapidement le monde dans lequel nous travaillons et nous sommes tous en train d’apprendre. Les possibilités d’étudier l’impact de la technologie sur notre travail, notre corps, nos capacités cognitives, notre santé mentale, notre niveau d’efficacité et notre conciliation travail-vie sont nombreuses. En raison de tous ces changements à venir, vous pourriez vous retrouver à exercer l’ergonomie dans un domaine inattendu. Par conséquent, ne vous imposez pas de limites, appliquez votre mentalité d’ergonome dans toutes les sphères de la vie.

 


Larissa Fedorowich

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou à une jeune professionnelle qui débute dans le domaine de l’ergonomie et des facteurs humains?

Je recommanderais à toute personne qui débute de saisir toutes les occasions qui se présentent pour acquérir le maximum d’expériences, notamment en explorant différents secteurs de l’ergonomie. J’ai trouvé qu’en travaillant en collaboration avec des ergonomes de divers horizons, j’élargissais mes champs de connaissance et cela m’a aidé à définir mon approche. Établissez des liens, suivez et contactez les professionnels dont le travail vous semble intéressant ou correspond à vos intérêts. LinkedIn est un excellent site de réseautage professionnel qui vous permet de manifester ce qui vous intéresse et d’explorer les intérêts d’autres personnes. L’adhésion à des associations et la participation à des conférences et des séminaires en ligne sont indispensables pour améliorer vos connaissances et votre capacité de réseautage avec d’autres professionnels du domaine.

Avez-vous des recommandations à formuler sur les compétences générales qui sont importantes à développer?

L’empathie est une compétence essentielle à développer et parfaire. En tant qu’ergonomes, nous avons une façon très mesurée de décortiquer le travail. Cependant, il ne faut jamais oublier que ce sont des êtres humains qui effectuent ce travail et que ces gens sont les experts en la matière lorsqu’il s’agit de comprendre leur travail. 

Quel est l’aspect le plus prometteur pour l’avenir des ergonomes et des professionnels des facteurs humains?

Je pense que dans l’avenir les ergonomes auront de plus grandes possibilités de faire partie d’équipes pluridisciplinaires afin de faire avancer les projets destinés à jouer un rôle préventif plus tôt, tels que la (re)conception d’équipements, de postes de travail et de processus.


Linda Sagmeister

L’ACE m’a récemment demandé de partager quelques points essentiels qui, selon moi, pourraient être utiles pour les personnes qui commencent ou envisagent une carrière dans le domaine de l’ergonomie. En repensant à mes 30 dernières années, j’ai appris (et je recommande aux autres) qu’il faut toujours prendre en compte l’étendue de l’ergonomie et des facteurs humains. Il ne faut pas uniquement considérer l’aspect physique, cognitif ou organisationnel, mais il faut tenir compte de ces trois aspects en tout le temps. Cela signifie que vous devez reconnaître qu’il est possible qu’un collègue ergonome n’est pas aussi calé que vous dans votre champ d’application (ou vice versa); toutefois, vous partagez une approche et une philosophie de base. C’est par la collaboration que nous réalisons de grandes choses! Une autre recommandation que je peux faire est de devenir membre, et idéalement de participer activement, à l’Association canadienne d’ergonomie et d’autres groupes professionnels ou communautés qui partagent vos intérêts (p. ex. la convivialité, la conception, etc.). Les possibilités de réseautage et d’apprentissage sont nombreuses, mais n’oubliez pas que vous en retirez ce que vous y investissez. Étant donné que le monde du travail évolue tellement (p. ex., l’industrie 5.0), nous avons besoin de tous nos talents, de toutes nos compétences et de toute notre créativité pour en faire ce que nous voulons qu’il soit. L’ergonomie est un excellent domaine pour les mettre en pratique.

 


Linda Miller, PhD

J’ai commencé ma carrière en ergothérapie en 1989. Peu de temps après, je me suis rendu compte que j’adorais faire de la prévention des blessures et j’ai donc entrepris une maîtrise en conception de l’environnement. Dans le cadre de mon projet de thèse, j’ai étudié et appliqué les principes de l’ergonomie participative. Ce projet a permis à une petite scierie dans une localité éloignée d’appliquer les principes d’ergonomie en prenant des mesures réactives et proactives dans ses installations par l’intermédiaire de son équipe d’ergonomie dans le but de réduire les risques de lésions musculosquelettiques. Ce projet m’a ouvert les yeux pour aider les entreprises à intégrer l’ergonomie dans leurs activités par le biais de l’ingénierie, de la sécurité ainsi que des équipes d’employés et de superviseurs de première ligne.
Je suis ergonome depuis environ 35 ans. J’exerce ma profession en qualité d’ergothérapeute et d’ergonome. Ces deux disciplines se complètent bien et permettent d’aborder à la fois les préoccupations individuelles et celles de la main-d’œuvre afin de favoriser la santé, le bien-être et la productivité. 

Voici mes conseils pour les jeunes diplômés qui souhaitent progresser dans leur carrière : 

  • Trouvez un mentor. J’ai eu de multiples mentors au fil de ma carrière, tant sur le plan professionnel que personnel.  
  • Continuez à apprendre. Je participe régulièrement à des conférences, je suis des cours et je lis beaucoup pour me perfectionner. 
  • Impliquez-vous. Au fil de ma carrière, je me suis impliquée au sein de l’ACE et du CCCPE, et j’ai contribué à promouvoir la discipline et la profession. 
  • N’hésitez jamais à profiter de l’expérience des autres. Souvent, lorsque je devais résoudre un problème pour lequel je n’avais pas l’expertise nécessaire, je m’associais à d’autres personnes qui avaient les compétences spécialisées pour assurer la meilleure qualité pour le client.
  • N’ayez pas peur de vous réinventer lorsque les choses changent. J’ai constaté beaucoup de changements pendant mes 35 années de carrière. Le fait de pouvoir apprendre de nouvelles compétences et de m’adapter a été essentiel à ma croissance. 
  • Bâtissez une communauté forte avec d’autres praticiens. J’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreux ergonomes au Canada. J’ai ainsi pu apprendre d’eux et aussi les contacter pour trouver des solutions lorsque je me heurtais à des problèmes dans mon travail. En outre, cela m’a permis d’entretenir de merveilleuses amitiés qui durent depuis plus de 35 ans.

J’espère poursuivre la carrière que j’ai choisie pendant encore une dizaine d’années. Aujourd’hui, j’aime enseigner et j’agis comme mentore lorsque j’en ai l’occasion.


Kim Meszaros

Quel est votre rôle actuel dans le domaine de l’ergonomie et des facteurs humains? Décrivez certains détails de votre travail, à savoir les aspects qui vous plaisent et ceux qui vous posent des difficultés.

À titre de coordonnatrice de la recherche en ergonomie pour le Centre of Research Expertise for the Prevention of Musculoskeletal Disorders (CRE-MSD), mon rôle principal consiste à soutenir l’amélioration continue des Lignes directrices de prévention des TMS pour l’Ontario. J’aime collaborer avec les partenaires du système de santé et de sécurité, les intervenants du secteur, les chercheurs et les praticiens. Je prends aussi plaisir à participer à des activités de sensibilisation pour aider les organisations à comprendre comment intégrer la prévention des TMS dans leurs programmes et leurs systèmes.
Mes fonctions en matière de recherche et de pratique sont axées sur la prévention des TMS et le bien-être. Au fil de mes expériences, j’ai constaté que l’un des plus grands défis à relever réside dans le fait que de nombreuses entreprises utilisent encore une approche réactive pour remédier aux TMS. Ce qui consiste habituellement à effectuer une intervention ergonomique après le signalement d’une blessure. En tant que professionnels de l’ergonomie et des facteurs humains, nous devons continuer à poursuivre les conversations avec les dirigeants d’entreprise afin de les sensibiliser aux avantages de la mise en œuvre des principes de l’ergonomie en amont de la conception du travail, et de démontrer le rendement sur l’investissement d’un modèle proactif visant à améliorer le bien-être des travailleurs ainsi que les performances de l’organisation.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou à une jeune professionnelle qui débute dans de domaine de l’ergonomie et des facteurs humains?

  • Impliquez-vous dans des associations professionnelles, comme l’ACE, afin de bénéficier d’opportunités de formation continue et de nouer des liens avec des professionnels du domaine et d’autres étudiants. J’ai été bénévole au sein du conseil de l’ACE-Ontario à titre de secrétaire pendant un mandat de deux ans, et je soutiens actuellement le comité national des étudiants de l’ACE à titre de conseillère membre de l’ACE. Les relations établies et les connaissances acquises par le biais du réseautage sont inestimables et peuvent entraîner des débouchés futurs!
  • Profitez de toutes les occasions pour apprendre. Je n’ai jamais clos une évaluation ou un projet sans avoir appris quelque chose. Certaines expériences ont davantage contribué au développement de compétences professionnelles, tandis que d’autres m’ont permis de m’épanouir sur le plan personnel et de prendre confiance en mes capacités. 
  • Sortez de votre zone de confort. C’est un aspect qui me donnait du fil à retordre en début de carrière. Mes mentors m’ont encouragée à relever de nouveaux défis, comme aider un nouveau client dans un secteur différent ou fournir un service différent que je n’avais jamais fourni auparavant. Je me suis rendu compte que lorsque je saisissais de nouvelles occasions j’apprenais plus de choses, ce qui m’a permis d’évoluer professionnellement et personnellement ainsi que de prendre de l’assurance. 
  • Soyez conscient de ce que vous savez et admettez que vous ignorez la réponse. Il m’est arrivé à plusieurs reprises sur le terrain de me faire poser une question à laquelle je n’étais pas sûre de la réponse. Je devais souvent faire des recherches ou consulter une référence pour confirmer avant de pouvoir formuler une réponse complète. Je vous conseille de vous habituer à dire : « C’est une excellente question, laissez-moi trouver l’information et je vous reviens. » J’ai constaté que les efforts déployés pour formuler une réponse complète à une question et assurer un suivi sont habituellement bien accueillis. De plus, ils vous permettent d’approfondir vos connaissances sur le sujet et de renforcer votre crédibilité à titre de professionnel.