Nancy Black, Ph.D., Ing., CCPE
Publié: 20 Septembre 2022
Métier actuelle
- Vice-doyenne par intérim et professeure à la Faculté d’ingénierie de l’Université de Moncton, département de génie mécanique
- Ingénieure (agréée au Nouveau-Brunswick auprès de l’AIGNB)
- Ergonome certifiée CCPE (depuis 2021)
Depuis combien de temps êtes-vous membre de l’ACE?
J’ai adhéré à l’ACE en 1993, à titre de membre étudiante, lorsque je faisais ma maîtrise (M.A. Sc. en génie industrielle sous la direction du professeur Biman Das, Ph. D., à la Technical University of Nova Scotia, qui fait maintenant partie de l’Université Dalhousie). J’ai renouvelé mon adhésion pendant mes études de doctorat (à l’Université du Nouveau-Brunswick sous la direction des professeurs Jeremy Rickards et Edmund N Biden, Ph. D., en génie mécanique). Je suis devenue « membre titulaire » en 2002, lorsque je ne pouvais plus profiter de l’excellente baisse de frais d’adhésion offerte aux étudiants!
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’ergonomie?
À l’époque où j’étais étudiante de premier cycle en génie de conception des systèmes à l’Université de Waterloo dans les années 1980, je pensais vouloir travailler dans le domaine du « génie biomédical ». Au cours de ma première année, j’ai été initié à « l’ergonomie » dans l’un des derniers cours enseignés par le Dr Thomas Morris Fraser. Cette science des « systèmes humains » était tout à fait nouvelle pour moi, mais elle était intéressante et « amusante ». Par la suite, le professeur Kish Hahn a présenté à notre classe d’autres concepts d’ergonomie e – comme les facteurs humains et la santé et sécurité – à travers sa passion pour les rythmes circadiens et la façon dont ceux-ci affectent la performance des athlètes de haut niveau lorsqu’ils changent de fuseau horaire. J’aimais particulièrement la combinaison des facteurs de rendement physique et cognitif dans le contexte de la productivité. J’ai suivi tous les cours de premier cycle offerts dans ce domaine dans le cadre de mon programme, dont un cours portant sur les interfaces personne-machine. Un de nos projets de conception au premier cycle consistait à créer le système de communication d’un ballon dirigeable de localisation destiné à faciliter les opérations de recherche et de sauvetage dans les zones forestières de l’Ontario. J’avais adoré les aspects de conception physique, perceptuelle et cognitive en respectant les limites dans un monde réel.
Malheureusement, je n’ai pas pu axer mon projet de dernière année principalement sur les facteurs humains. J’ai fait une étude sur les systèmes de ventilation pour limiter l’exposition à la fumée du tabac dans les salles de bingo – à l’époque où il était courant de fumer à l’intérieur – et pour laquelle j’ai obtenu le prix pour la plus haute distinction « bidon » de ma classe!
Qu’auriez-vous voulu apprendre à l’école?
J’aurais aimé en apprendre davantage sur la complexité des politiques au sein des entreprises (p. ex., la crainte que les participants prenant part à une recherche aiment les nouveaux milieux de travail dynamiques testés peut signifier que les responsables des RH refusent que les employés prennent part à des projets qui permettent d’introduire temporairement de tels milieux). Il s’agit d’un défi constant qui consiste à faire comprendre que l’ergonomie et les facteurs humains sont axés sur les économies réalisées plutôt que les coûts.
J’aurais aimé comprendre que les vendeurs (et leurs brochures) présentent une image plus favorable des capacités de leurs produits de la réalité. Lorsque j’étais étudiante et depuis que je suis professeure, j’ai vu de nombreuses technologies de mesure qui semblent PARFAITES au départ, mais qui présentent de nombreux problèmes lors de l’utilisation. Il faut être prêt à s’ajuster, à s’adapter et à créer de nouvelles solutions lorsqu’on fait de la recherche et qu’on travaille dans des milieux RÉELS.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier d’ergonome? Quel est l’aspect de l’ergonomie qui vous plaît le plus?
J’aime cette vaste perspective associée à l’ergonomie et aux facteurs humains.
J’aime la communauté de personnes qui croient et qui se consacrent à l’amélioration du travail (« travail » au sens général, c.-à-d. les choses qu’on passe beaucoup de temps à faire ou qu’on doit faire) pour les gens qui effectuent le travail. J’aime la remise en question constante des hypothèses (croyances sous-jacentes).
J’aime le profond respect que l’on doit constamment maintenir à l’égard des gens qui effectuent le travail.
J’aime soutenir l’amélioration de la santé et de la productivité de mes semblables compte tenu des contraintes techniques liées aux outils que mes collègues ingénieurs conçoivent.
J’aime sensibiliser mes étudiants et collègues de la profession d’ingénieur aux façons dont l’ergonomie et les facteurs humains complètent les sciences fondamentales du génie des matériaux inertes en grande partie.
Quelles sont, selon vous, les possibilités les plus prometteuses à venir pour les ergonomes?
Les ergonomes et les spécialistes des facteurs humains doivent faire partie de l’équipe de conception à tous les niveaux. On commence à considérer l’ergonomie et les facteurs humains par le biais de la santé et de la sécurité comme une réponse aux problèmes simples. L’amélioration de la conception des outils de base est plus complexe, mais peut apporter d’autres avantages à long terme.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou à un jeune professionnel débutant en ergonomie?
Gardez l’esprit ouvert aux variables inattendues et importantes, ainsi qu’aux sources de connaissances (humaines et autres). Ce que vous avez appris en classe et même lors de vos premiers stages n’est que le début.
Ne vous limitez pas à la communauté que vous connaissez. Recherchez des gens issus de milieux différents afin de rendre votre travail – et le leur – meilleur pour tous.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager et que nous avons manqué?
Je suis reconnaissante envers l’Association of Canadian Ergonomists – Association canadienne d’ergonomie. Il s’agit d’une communauté très riche ayant des points de vue différents selon les collectivités linguistiques (francophone et anglophone) et un bagage varié pouvant toucher à la kinésiologie, l’ingénierie, l’ergothérapie, la psychologie ou la conception. D’ailleurs, si cela est possible, je vous invite à assister à des présentations dans la langue qui vous est la moins familière. Vous en apprendrez davantage que si vous assistiez à une présentation sur le même sujet dans votre langue maternelle.
Cette richesse de la communauté de l’ergonomie et des facteurs humains est encore plus visible à l’échelle mondiale grâce à l’Association internationale d’ergonomie (IEA). L’ACE est une société membre fédérée de l’IEA et tous les membres de l’ACE peuvent siéger à des comités techniques (TC) de cette association. Ces TC représentent des communautés de pratique internationales qui partagent gratuitement leurs connaissances et offrent des occasions intéressantes de réseautage dans leur domaine de spécialisation. Il existe actuellement 25 TC qui recrutent continuellement de nouveaux membres.
Vous remarquerez que des Canadiens et Canadiennes (et certains membres de l’ACE*) sont à la tête de plusieurs comités:
- Peter Burns (Transport Canada) – Ergonomie et facteurs humains des transports
- Steven Fischer* (Université de Waterloo) – président, Troubles musculosquelettiques
- Marie Laberge (Université de Montréal, Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine) – présidente, Genre et travail
- Jim Potvin* (Potvin Biomechanics Inc.) – président, Ergonomie dans l’industrie manufacturière
- Yue (Sophia) Li (Institut de recherche KITE – Institut de réadaptation de Toronto, University Health Network) – coprésidente, Chutes, glissades et trébuchements
Je préside actuellement le comité permanent Science, technologie et pratique de l’IEA qui soutient les TC. Si vous souhaitiez faire connaissance avec certains présidents de TC, je suis prête à faciliter cette rencontre! L’IEA est ouverte à la mise en place de nouveaux TC lorsqu’il y a suffisamment d’intérêt de la part de la communauté de l’ergonomie et des facteurs humains. Si vous êtes passionné par votre domaine ou que vous connaissez des personnes intéressées, écrivez-moi.
Entrevue de Nancy portant sur le Mois national du génie sur les ondes de Radio-Canada
Une fois sur la page, cliquez sur « Le mois national du génie » pour écouter l’entrevue.
Cette entrevue est offerte uniquement en français.